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L'écoute active et attentive

Sommes-nous toujours présents et attentifs aux mots ? Captons-nous les signaux non-verbaux d’un échange ? Quelle place donnons-nous au silence ?

Une petite plongée au cœur des mots, au cœur de l'âme.


écoute active lors d'un deuil

« Écouter n’est pas entendre » !

 

L’écoute au quotidien

 

Pour peu que l’on ait un minimum d’interactions sociales, on pourrait dire que nous sommes tous amenés chaque jour à « écouter » nos interlocuteurs.


Si l’on creuse un peu la question, on se rend compte qu’écouter n’est pas seulement « entendre », bien que parfois nous pouvons aussi participer à des « dialogues » ou « discussions » rapides, sans forcément d'implication émotionnelle.

 

En abordant des sujets importants de la vie, on attend alors de l’écoutant une réelle attention de nos mots et de notre ressenti, une empathie vis-à-vis de notre témoignage, de notre joie, de nos peines mais aussi de nos silences.

 

Les pièges de l’écoute

 

Pour écouter ou se faire écouter cela suppose d’être pleinement présent à l’autre mais aussi à soi. La première difficulté est là.

Les « obstacles » à l’écoute peuvent être nombreux et variés :

 

-       Un environnement peu approprié : une rue passante, un restaurant bruyant, un téléphone qui sonne, des odeurs qui dérangent…

 

-       Un interlocuteur difficilement audible ou compréhensible, des difficultés à s’exprimer ou à entendre, une langue étrangère, une voix discrète ou enrouée…


-  Mais nous aussi nous pouvons être peu disposés finalement à être dans l’écoute : les nombreuses pensées (et soucis !) qui nous traversent l’esprit, certains préjugés qui s’invitent avant même la rencontre, une fatigue ou indisponibilité physique à se sentir présent, des réticences à aborder certaines thématiques, des limites émotionnelles, culturelles, religieuses, …

 


N’ayons pas peur du silence

 

Le silence effraie car il est souvent synonyme de gêne. Pourtant un silence peut être salvateur. Il est parfois la seule réponse sincère et authentique que l’on peut apporter face à des mots remplis de douleur.

Car que dire ou faire d’autre quand la situation n’offre aucun mot ?


En lui résonne une profonde empathie, une compassion qui s’adresse au cœur. Ce silence peut s’accompagner d’un regard enveloppant, d’une main sur l’épaule… Peu importe sa forme, quand ce silence est fait en conscience il est un profond témoignage de sa présence et de son attention.

 

Le silence permet aussi à une personne qui s’exprime de prendre le temps, de s’entendre réfléchir, parler, pour ainsi mettre en lumière, par elle-même, un chemin de pensée qui l’amènera à trouver ses propres réponses.

 


Écouter pour… répondre ?

 

On se surprend parfois à écouter mais dans le but de trouver des réponses, donner des conseils, suggérer des solutions, être le bon samaritain ou le sauveur qui viendra éclairer la situation… Une citation résume bien cette idée « Le plus grand problème dans la communication c’est que l’on n’écoute pas pour comprendre, on écoute pour répondre ».


Pour être honnête il s’agit aussi parfois d’un besoin d’attention, d’une vue de l’égo qui a envie de se mettre en avant, de « briller » un peu, de se comparer…


Être dans le "dialogue" n'est bien sûr pas toujours négatif car lors d’un échange, l’interlocuteur peut attendre de nous que l’on apporte une aide concrète, un retour d’expérience, un avis ou de nouvelles idées sur un sujet.

 

Mais il est possible que ce ne soit pas toujours le cas, que la personne ait juste envie et besoin de se confier, sans rien attendre en retour mais sans pour autant l’exprimer clairement.


Il est très intéressant de garder ça en conscience et d'observer de temps en temps ses réactions et ses pensées pour finalement apprendre à mieux se connaître dans ses réactions et ses interactions.

 


écoute attentive et échange


L’écoute lors du deuil, est-ce différent ?

 

Je crois que le moment le plus délicat de cette attitude d’écoute « entière » est souvent lors d’un deuil. Il est fréquent que la personne endeuillée ait juste besoin d’une présence, de pouvoir exprimer sa peine, son chagrin et toutes les émotions qui la traversent mais cela sans jugement, sans conseil, sans comparaison, sans attente juste avec la présence et la compassion de l’écoutant.

 

Et là parfois, ça se complique… A nous de sortir nos antennes d’empathie pour comprendre les attentes "silencieuses" ou implicites de notre interlocuteur.

 

Car finalement lors d’un deuil il n’y a pas souvent d’avis à donner, pas de conseils tellement le deuil est unique à chacun, pas de comparaison possible mais par contre un fort besoin de présence et d'attention.

 

Les personnes endeuillées expriment parfois le sentiment de ne pas suffisamment avoir été soutenues et comprises dans leur peine et leur deuil… mais ont-elles a minima été entendues ? Écoutées ?

 

Être dans une écoute sincère du cœur ne demande finalement pas de compétence mais juste de se repositionner dans le moment présent, dans l’ici et maintenant, en conscience, afin d’être pleinement disponible pour l’autre et accueillir son partage.

 


 

 

Le plus beau poème sur l’écoute est pour moi celui de Jacques Salomé, « Écoute-moi »



Écoute-moi, s’il te plaît, j’ai besoin de parler

Accorde-moi seulement quelques instants

Accepte ce que je vis, ce que je sens,

Sans réticence, sans jugement.

Écoute-moi, s’il te plaît, j’ai besoin de parler

Ne me bombarde pas de conseils et d’idées

Ne te crois pas obligé de régler mes difficultés

Manquerais-tu de confiance en mes capacités ?

Écoute-moi, s’il te plaît, j’ai besoin de parler

N’essaie pas de me distraire ou de m’amuser

Je croirais que tu ne comprends pas

L’importance de ce que je vis en moi

Écoute-moi, s’il te plaît, j’ai besoin de parler

Surtout, ne me juge pas, ne me blâme pas

Voudrais-tu que ta moralité

Me fasse crouler de culpabilité ?

Écoute-moi, s’il te plaît, j’ai besoin de parler

Ne te crois pas non plus obligé d’approuver

Si j’ai besoin de me raconter

C’est simplement pour être libéré

Écoute-moi, s’il te plaît, j’ai besoin de parler

N’interprète pas et n’essaie pas d’analyser

Je me sentirais incompris et manipulé

Et je ne pourrais plus rien te communiquer

Écoute-moi, s’il te plaît, j’ai besoin de parler

Ne m’interromps pas pour me questionner

N’essaie pas de forcer mon domaine caché

Je sais jusqu’où je peux et veux aller

Écoute-moi, s’il te plaît, j’ai besoin de parler

Respecte les silences qui me font cheminer

Garde-toi bien de les briser

C’est par eux bien souvent que je suis éclairé

Alors maintenant que tu m’as bien écouté

Je t’en prie, tu peux parler

Avec tendresse et disponibilité

À mon tour je t’écouterai


– Jacques Salomé

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